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Baptême de l'éolienne Floatgen : discours de David Samzun, maire de Saint-Nazaire

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L’éolienne flottante Floatgen a été inaugurée le vendredi 13 octobre à Saint-Nazaire, avant d’être installée au large, à 22 km au large du Croisic. Cette machine expérimentale, de 60m, entrera en production en 2018.

"C’est un maire heureux qui vous accueille ici aujourd’hui. D’abord parce qu’un baptême est toujours un bel évènement et celui-ci est d’ampleur. Par les dimensions, exceptionnelles, du bébé. 60 mètres de hauteur. Mais aussi et surtout par ce qu’il représente : à savoir l’ambition, pour la France, de prendre enfin sa place dans le secteur prometteur de l’éolien flottant.

Quand je dis prometteur, je parle de deux choses :
•    de l’espoir de voir les énergies marines contribuer à la transition énergétique, en faisant émerger un système de production d’énergie découplé des énergies fossiles. Lutter contre le réchauffement climatique, c’est un objectif qui nous rassemble tous, si nous voulons laisser une Terre vivable à nos enfants. 25 ans après le Sommet de la Terre de Rio, en 1992, qui a posé les bases du développement durable et le constat d’alarme sur la situation de la planète, nous voyons émerger des solutions techniques et économiques viables.
•    mais Floatgen, c’est aussi la promesse, pour nos ports et singulièrement pour celui de Saint-Nazaire, de réussir la transition énergétique tout en créant de l’activité économique. Car notre port est aujourd’hui un outil, majeur, mais très dépendant des énergies fossiles, à la fois dans ses volumes, comme dans ses emplois. C’est pour nous une bonne nouvelle que nos infrastructures puissent muter pour accompagner le développement de l’éolien en mer.

Certains parlent de Jupiter. C’est à la mode. Ici, nous nous tournons aussi vers Neptune et son trident. Il faut dire qu’à Saint-Nazaire, la ville, le chantier naval et le port sont nés dans un même élan, il y a plus de 160 ans. Dans les années 20, la diversification d’un constructeur naval a ajouté la filière aéronautique, aujourd’hui représentée par Airbus. La construction navale, le port et l’aviation. C’est ce que l’on appelle « le trident économique nazairien ». Ce sont les savoir-faire reconnus de ces trois filières et la bonne coopération entre acteurs publics et privés, qui nous ont permis d’être choisis, avec d’autres, pour le développement des énergies marines renouvelables. Notre histoire maritime et industrielle nous qualifie, autant que notre position géographique aux portes de Nantes nous permettant de mobiliser conjointement notre tissu de recherche et d’innovation, ainsi que tous les savoir-faire pour tirer le meilleur parti de l’opportunité que représentent les énergies de la mer.

Je me dois de féliciter les acteurs de cette belle aventure. Centrale Nantes bien sûr, mais aussi tous les financeurs via le Contrat de Plan Etat Région : l’Etat, la Région, le Département. Je n’oublie pas les constructeurs que sont Idéol, Bouygues TP ou encore les sous-traitants, comme l’entreprise Le Béon et bien sûr le groupe Bourbon. Bien entendu aussi le Grand Port Maritime Nantes Saint-Nazaire, qui a su mettre ses infrastructures et ses services à niveau pour cette aventure hors norme. C’est tout un réseau qu’il faut ici remercier et féliciter. Pour notre part, nous nous réjouissons aussi de la création future d’un centre d’interprétation de l’éolien maritime, qui sera créé dans la Base Sous-Marine et qui permettra au grand public de comprendre les enjeux de la filière.

Un dernier mot. Il y a un mois, nous avons réuni tous les acteurs, élus et entrepreneurs du pays nazairiens autour d’un évènement de rentrée intitulée « la croissance bleue se concentre à Saint-Nazaire ». C’est une réalité ici avec l’éolien, c’est une réalité aussi sur les micro-algues avec Algosolis et nous sommes en pointe dans ce secteur, c’est aussi un défi pour le port, j’en ai parlé et bien sûr pour les Chantiers de l’Atlantique, qui ouvrent une nouvelle phase de leur vie industrielle. Nous sommes un bassin industriel. Un territoire où l’on côtoie au quotidien le XXL. Relever les défis de la croissance ne nous fait pas peur. C’est notre fierté. Mais, nous ne sommes pas ici seulement face à un enjeu de croissance. Non, nous sommes aussi confrontés à un enjeu de sens. Et il est double : quel sens donner à notre rapport à la mer, à ses métiers et à ses enjeux ? On a souvent dit que la France tournait le dos à la mer. Ce secteur s’est senti abandonné, mal compris, dévalorisé. Je crois qu’il y a aujourd’hui toutes les raisons de lui donner ses lettres de noblesses et d’écrire de nouvelles pages glorieuses de notre histoire maritimes. Le deuxième enjeu – et c’est là l’essentiel – c’est celui de la transition énergétique. C’est un impératif moral si nous voulons préserver l’avenir de nos enfants. Le temps presse. Notre planète se réchauffe. Notre survie elle-même est engagée. L’action que vous conduisez, au-delà de ses dimensions emploi-croissance, que je ne sous-estime pas, est une dimension majeure du mix sobriété – diversification, qui doit se mettre en place au plus vite. Et quand je parle d’aller vite, permettez-moi une interpellation à l’Etat, car c’est sa responsabilité. Je crois que les procédures, en France, ne sont pas assez lisibles, pas assez rapides. J’entends qu’une réforme des régimes d’autorisation est en cours de débat, je crois qu’il est de notre responsabilité collective de bien peser ces questions, pour être au rendez-vous de la transition énergétique, sans laisser des intérêts privés repousser sans cesse des projets nécessaires.

Pour conclure, nous sommes fiers de pouvoir participer, à vos côtés, à ce défi. Et, si vous ne retenez qu’une chose de mes propos, c’est celle-ci : nous souhaitons continuer à amplifier l’ancrage de cette filière sur notre territoire, car nous y croyons ! Alors longue vie à Floatgen et qu’elle soit la première d’une longue série !"

David Samzun, maire de Saint-Nazaire et Président de la CARENE