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Déclaration de David Samzun, maire de Saint-Nazaire en réponse à la tribune du 29 mai.

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En tant que Maire de Saint-Nazaire et Président de Saint-Nazaire Agglomération et en tant qu’homme politique, il m’apparait important de répondre aux débats de valeurs et de principes posés par les signataires de la tribune du 29 mai.

Responsable de deux collectivités qui rassemblent environ 1800 collaboratrices et collaborateurs, je sais que nous ne vivons pas hors sol. Nous pouvons nous trouver confrontés aux différents maux qui gangrènent la société française : racisme, homophobie, inégalités femmes / hommes, violences faites aux femmes… 

Face à cela, avec humilité et conviction, les élus de la majorité déploient tous les outils dont ils disposent pour être en veille et lutter contre ces travers. Ils veillent à ce que toute personne qui en sentirait le besoin puisse être accueillie dans sa démarche, tout le temps qui lui sera nécessaire car chacun sait que le murissement d’une réflexion et d’une expression personnelle dans un contexte de harcèlement ou de violence peuvent prendre du temps.

C’est d’ailleurs l’objet du travail engagé depuis plusieurs mois par Lydie Mahé, adjointe, et Catherine Rougé, conseillère municipale subdéléguée en charge de l’égalité femmes / hommes à qui j’ai demandé, dès le début du mandat, de réfléchir à des propositions en ce domaine. Leurs réflexions ont été régulièrement partagées depuis plusieurs mois en réunion et en séminaire des élus de la majorité afin d'examiner collectivement les meilleures manières de progresser dans ces domaines.

En parlant d’une « loi du silence », les signataires de la tribune du 29 mai font fi de ce travail commun et jettent l’opprobre sur l’ensemble de leurs collègues de la majorité, des équipes managériales, des organisations représentatives du personnel et des associations partenaires de la Ville de Saint-Nazaire. Ils laissent à penser que tous ceux-ci travaillent en collusion pour empêcher notamment que les droits des femmes soient préservés.

En indiquant que l’existence ou non d’une démarche judiciaire n’est pas un sujet essentiel dans une situation de violence ou de harcèlement et que leur intime conviction leur permet d’être juges et d’exiger des sanctions, les signataires de la tribune du 29 mai s’érigent en tribunaux populaires et font fi de tout un ensemble de valeurs républicaines structurantes pour notre pays et notre démocratie.

Aujourd’hui, trois domaines de responsabilités sont convoqués : une dimension judiciaire, une dimension politique, une dimension managériale.

Dès que j’ai été saisi des évocations d’abus sexuels au sein de l’équipe municipale, j’ai reçu les élu.es concerné.es et ai invité toute personne qui serait en difficultés de ce fait à s’entourer de toutes les formes de conseils et d’accompagnements disponibles et à déposer plainte auprès des services de police ou de gendarmerie. Dès notre rencontre, j’ai indiqué à la victime présumée mon profond respect de son autonomie et de son cheminement, quel que soit le temps nécessaire, puisqu’elle indiquait à ce moment-là ne pas souhaiter porter plainte. Je lui ai dit qu’il ne m’appartenait pas d’agir à sa place et que je resterais disponible à toute demande d’entrevue qu’elle pourrait solliciter.

J’ai interrogé dans le même temps les Directeurs généraux des services et nos associations partenaires tels que le CIDFF, dans le respect scrupuleux de l’anonymat des personnes, pour savoir si les uns et les autres avaient connaissance de cas de violences sexuelles au sein des deux collectivités dont j’ai la responsabilité. Aucune situation ne m’a été remontée.

Ces derniers mois, attentive à tout ce qui pourrait accompagner la circulation de la parole, la majorité municipale a décidé d’organiser un séminaire de formation des élu.es, avec des intervenants extérieurs, dédié à l’égalité femmes / hommes et à la prévention des violences. Nous avons engagé notre participation au comité de pilotage de l’Observatoire départemental de lutte contre les violences faites aux femmes, nous avons mis en place un Point d’Accès aux Droits, ainsi que l’organisation partenariale d’un colloque biennal sur les violences conjugales, nous avons co-financé un poste de travailleur social au Bureau d’Aide aux Victimes et le dispositif « Téléphone Grave Danger ». Nous n’avons eu de cesse de créer un contexte politique local favorable pour que la parole puisse circuler et que toute victime sache que sa parole serait entendue. J’y ai d’ailleurs consacré mon éditorial du magazine municipal d’avril dernier.

Je me suis par ailleurs entouré, dès le départ et de manière renouvelée, des conseils de Mme Cécile de Oliveira, avocate investie dans les droits des femmes.

Constatant que ces évocations d’abus sexuels continuaient de circuler au sein de l’équipe municipale, j’ai finalement décidé, en avril dernier, de solliciter la Justice au travers d’une démarche écrite en direction de Madame la Procureure de la République et en lui indiquant me tenir à son entière disposition.

Sur le plan politique, je rappelle que les élus de la majorité de la Ville de Saint-Nazaire viennent d’organisations qui ont toutes une forte histoire commune dans le combat pour l’égalité des droits, le respect de la personne humaine et l'émancipation. C’est un ensemble de valeurs fondatrices pour nos organisations et les responsables politiques que nous sommes. Il est normal que le débat public permette de les questionner et d’essayer de mieux les faire vivre tant notre société a encore des progrès à faire dans ce domaine. 

Il est normal qu’un débat public existe sur l’équilibre à trouver entre accompagnement des victimes et présomption innocence, à partir du moment où l’expression politique et médiatique n’essaye pas de remplacer les moyens concrets de l’action, c’est-à-dire l’élaboration de politiques publiques d’égalité femmes / hommes et l’engagement de démarches judiciaires.

Sur le plan managérial, j’ai demandé à Lydie Mahé, adjointe au Maire, et Catherine Rougé, conseillère municipale subdéléguée en charge de l’égalité femmes / hommes, de recevoir une nouvelle fois l’ensemble des organisations syndicales et des médecins du travail, en complément des démarches qu’elles ont déjà engagées dans le cadre de la lettre de mission que je leur ai confiée dès 2014. Cela permettra de refaire précisément le point sur les questions de violences faites aux femmes au sein de nos collectivités.

En réponse à une situation sérieuse et difficile, les signataires de la tribune du 29 mai font le choix d’une stratégie de communication. C’est leur choix, c’est aussi leur responsabilité.


David Samzun,
Maire de Saint-Nazaire