Innovation : une chaussée 100 % perméable testée à Saint-Nazaire

Mardi 29 avril, route de la côté d’amour à Saint-Nazaire. De l’eau recyclée a permis de simuler des une épisode de pluie intense : d’occurence décennale et cinquantennale. © Christian Robert.

Pour accélérer la transition écologique, Saint-Nazaire Agglomération franchit une nouvelle étape dans la gestion responsable des eaux pluviales. Dans le cadre du projet hélyce+, elle lance une expérimentation inédite : la mise en place d’une portion de chaussée 100 % perméable sur voirie lourde, route de la Côte d’Amour à Saint-Nazaire.  

« Nous voulons innover pour une ville plus durable, plus agréable à vivre et mieux préparée aux défis climatiques. Reproductible, cette expérimentation de chaussée perméable vise à faire de notre territoire un modèle d’inspiration pour d’autres villes qui cherchent, elles-aussi des solutions alternatives de gestion des eaux pluviales. C’est un signal fort en faveur de la transition écologique. » 

David Samzun, maire de Saint-Nazaire et président de Saint-Nazaire Agglomération

Une innovation majeure pour la gestion des eaux de pluie 

Sur les voiries, on utilise de l’enrobé poreux, sur les trottoirs du béton poreux et pour les places de stationnement, des pavés avec des joints drainants. © Atelier Jacqueline Osty et Associés.

L’objectif de la création d’une chaussée totalement perméable est d’infiltrer l’eau de pluie dans le sol au plus près de son point de chute. En préservant au maximum le cycle naturel de l’eau, on évite les ruissellements, les risques d’inondations et les rejets excessifs des eaux pluviales en mer.    

La technique innovante utilisée par Saint-Nazaire Agglomération, développée en partenariat avec Eiffage Route combine l’utilisation d’un revêtement poreux avec une structure réservoir créée sous la future voie de bus des lignes hélyce. 

  • Le revêtement poreux est entièrement perméable. Il recouvre l’ensemble de la rue de façade en façade, permettant une infiltration verticale de l’eau sur un linéaire de 50 mètres de la route de la Côte d’Amour. Sur les voiries, on utilise de l’enrobé poreux, sur les trottoirs du béton poreux et pour les places de stationnement des pavés avec des joints drainants.
  • La structure réservoir, d’un mètre d’épaisseur, est composée de matériaux granulaires, et dispose d’un indice de vide de 50 %, ce qui signifie que 500 l d’eau peuvent être stockés dans 1m3 de matériaux. Elle sera en capacité de stocker jusqu’à 700 m³ d’eau.

Contrairement aux revêtements d’enrobé drainants souvent utilisés, avec lesquels l’infiltration de l’eau se fait sur les 10 premiers cm, l’eau de pluie va traverser les différentes couches de la voirie et s’infiltrer progressivement jusqu’à alimenter la nappe phréatique, sans passer par les réseaux de tuyaux habituels. 

Au lieu d’un bassin de rétention enterré de 700 m³, la chaussée elle-même assure l’infiltration et le stockage temporaire de l’eau, supprimant le besoin d’une infrastructure dédiée.

Une première sur voirie lourde

L’expérimentation réalisée par Saint-Nazaire agglomération se fait sur une voie de circulation urbaine de grande échelle, ouverte à la circulation de tous les usagers, à la fois piétons, cyclistes, voitures et bus. Il s’agit d’une première en France sous voirie lourde. Les seules voiries perméables, construites en France avec un enrobé drainant et associées à une structure réservoir sont des voiries dédiées aux véhicules légers. 

L’enrobé drainant est déjà utilisé sur les autoroutes notamment mais il n’existe pas encore de normes ou de modèle concernant les sous-couches en bitume qui sont mis en œuvre dans cet essai. 

La plupart des chaussées en France sont construites avec des revêtements étanches. Les eaux pluviales sont alors évacuées par raccordement à un collecteur public ou dans la mer. Si parfois les tuyaux enterrés sont plus adaptés à la nature des sols, cette gestion des eaux pluviales peut provoquer des problèmes d’inondations récurrentes et impacter la qualité des eaux de baignade. En favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol, on permet à ce dernier de jouer son rôle de station d’épuration naturelle et on limite les rejets d’eau “sale” en mer.

Un projet mené sur hélyce + 

Au premier plan, Christophe Cotta et David Samzun.

Cette expérimentation s’inscrit dans le cadre du projet hélyce+, lancé en 2022, qui vise à moderniser l’offre de mobilité avec notamment la création de lignes de bus électriques et qui marque une avancée majeure en faveur de la transition écologique.

 « Le projet hélyce+ n’est pas seulement un projet de transport. Il illustre la nouvelle manière de faire la ville : favoriser les modes de déplacement actif par la création de pistes cyclables, de trottoirs agréables et par l’abaissement des vitesses, limiter les îlots de chaleur par une végétalisation accrue et mieux gérer les grosses intempéries su la Côte d’Amour par la création d’une chaussée réservoir. » 

Christophe Cotta, vice-président en charge des mobilités

Les eaux pluviales : une ressource à valoriser 

Cela fait plusieurs années que la Ville de Saint-Nazaire et Saint-Nazaire Agglomération misent sur des solutions durables pour la gestion des eaux pluviales en les considérant comme une ressource à valoriser plutôt qu’un problème ou un déchet à évacuer. 

Dès 2012, avec la création des premières lignes hélyce, et dans de nombreux aménagements urbains récents, la Ville et l’Agglo privilégient des techniques dites « vertes » : noues paysagères (fossés végétalisés), pavés à joints drainants, grandes fosses de plantations…

Dans le cadre du projet hélYce+, des aménagements hydrauliques “verts”  ont naturellement été prévus pour améliorer la gestion des eaux pluviales le long de la route de la Côte d’Amour. Les parties végétalisées sont constituées de noues paysagères destinées à recevoir les eaux pluviales tout en préservant la qualité recherchée des végétaux.Elles sont complémentaires à la création de chaussées perméables, techniques qualifiées de “grises”. Les enrobés ou le béton poreux comme les pavés à joints drainants permettent d’absorber largement de fortes pluies. A Saint-Nazaire, la pluie centennale est estimée à 97mm/h. Ces nouveaux revêtements mis en test ont une perméabilité de 3,6M/h. 

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