David Samzun, maire de Saint-Nazaire. © Martin Launay.
Cette loi «Immigration» est une défaite pour la République. Derrière les votes au Parlement et les sondages qui soulignent un soutien massif à cette loi, c’est bien un reproche à l’espérance républicaine qui est formulé.
La République est une promesse sociale. Une promesse d’émancipation pour toutes celles et ceux qui comptent sur ses institutions, et en tout premier lieu l’école, pour dépasser les déterminismes sociaux et culturels et faire vivre pleinement la devise Liberté, Égalité, Fraternité.
La République est aussi une promesse démocratique. Une promesse née de l’histoire de France, pays des Lumières et inventeur du régime de Laïcité, pour faire vivre en harmonie des citoyennes et des citoyens riches de leurs différences de convictions, de foi, de cultures tout en défendant un socle de valeurs pour les réunir tous. Un socle fait d’universalisme, de respect des droits, des personnes et des institutions, de lutte contre toutes les formes de discriminations.
Les manquements à ces deux promesses, le mépris des métiers et des modes de vie des classes populaires, l’abandon de certains territoires ruraux comme urbains, la difficulté de notre pays à examiner sereinement toute son histoire, y compris les pages les plus sombres de son passé colonial, le relativisme culturel et politique, l’esprit du dénigrement permanent et tant d’autres coups de canifs sont venus abimer le récit national.
D’autres s’en sont saisi et l’ont tordu à leur manière, malsaine, oublieuse de l’Histoire, nourrie de haine et de ressentiment, de mensonges sur les réalités et les forces de notre pays. Leurs succès idéologiques et électoraux reposent fondamentalement sur la crainte de l’avenir. Ils entretiennent volontairement une vision désespérante du monde afin de se nourrir des angoisses humaines.
Force est de constater que le Président de la République, élu pour faire barrage, leur ouvre des brèches béantes.
Face aux peurs et aux colères, les leçons de morale n’ont que peu de poids.
Je crois en revanche utile de parler de l’état du monde et des rapports de force qui conduisent sa destinée, de la grandeur des Nations, de la nécessité des frontières et de la légitimité de leur contrôle, du respect dû à l’héritage culturel et politique de notre pays.
Je crois nécessaire de dire l’importance que la France reste une terre d’accueil des opprimés. Il me semble tout aussi essentiel de définir et d’assumer clairement les besoins de notre économie et de rester un pays engagé dans le soutien à la coopération décentralisée.
Je suis fier de dire que, ici, à Saint-Nazaire, avec nos humbles outils de ville moyenne, nous tentons de tenir tous les bouts de la chaine. Ici, marqués par les désastres de la guerre et particulièrement exposés aux vents de la mondialisation, nous savons la dureté du monde et ne sommes pour autant, jamais tombés dans les pièges sordides des extrémistes de tous bords.
Nous continuons de construire une ville accueillante et solidaire. Une ville attachée aux services publics et au maillage associatif, et notamment dans tous les champs de l’éducation, qu’elle soit à l’école, dans les clubs de sports, dans les lieux de culture. Une ville attentive au logement pour tous, aux vies de quartiers, aux droits culturels, à l’emploi, au développement économique… Bref une ville respectueuse des différences et dans laquelle chacun doit pouvoir imaginer faire sa vie.
Là est l’essentiel. Les responsables politiques ont cette fonction absolument spécifique de proposer un projet et un espace de vie en commun à tous les membres de la Cité. Avec mon équipe municipale, je continuerai de me battre contre toutes celles et ceux qui, au contraire, tentent de prospérer sur la haine et le conflit. »
David Samzun, maire de Saint-Nazaire