David Samzun, maire de Saint-Nazaire en compagnie de la journaliste Cécile Lefort ors de la cérémonie des voeux le 5 janvier au Théâtre Simone Veil.
Faire plus de place à la nature en ville tout en continuant à accueillir une population qui augmente, c’est l’enjeu de ces prochaines années pour Saint-Nazaire et c’est toute l’ambition qui se cache derrière la démarche «Saint- Nazaire, une ville-jardin au bord de l’océan», annoncée récemment par le maire David Samzun.
Qu’est ce qui a motivé cette nouvelle démarche de « Ville-jardin au bord de l’océan » et comment se traduit-elle concrètement ?
- La nature dans le centre-ville est un élément important pour la qualité de vie. On sent bien dans l’hypercentre de la ville ce besoin de renaturation et d’avoir des lieux de respiration pour les familles. Partout où ce sera possible, nous allons donc préserver ou créer des espaces naturels dans la ville. La nature existe déjà dans les cœurs d’îlots, mais on n’en a pas forcément toujours conscience. Notre ambition est de créer une ambiance urbaine plus agréable, dans le prolongement des agréments du front de mer qui étaient déjà là, mais l’aménagement des espaces publics l’a révélé aux yeux de tous.
- Il faut aussi que nous répondions à l’urgence imposée par le dérèglement climatique. Nous en avons eu un aperçu cette année avec un été particulièrement chaud. Le phénomène est appelé à se répéter régulièrement, nous disent les scientifiques. Nous avons donc besoin de plus d’îlots de fraîcheur dans toute la ville.
- L’aménagement du boulevard de l’Atlantique à l’entrée de la Ville, le front de mer ou le parc urbain à Méan-Penhoët sont de très bons exemples de ce que nous voulons créer, et des ambiances végétales que nous voulons obtenir. Nous menons cette politique déjà depuis plusieurs années. La nouveauté c’est que nous allons accélérer les choses.
Deux nouvelles lignes hélYce
Cette accélération va-t-elle d’abord concerner le centre-ville ?
- Cette politique concerne évidemment la totalité du territoire de la commune. Dans tous nos projets en cours et à venir, la place du végétal et des espaces naturels est une priorité. Mais c’est en effet plutôt dans le centre- ville, qui est le bien commun de tous les Nazairiens et Nazairiennes, que les prochaines réalisations marquantes vont avoir lieu.
- En face du garage, près des halles, un jardin va remplacer le parking actuel et, à l’entrée de la ville, de la rue Henri- Gautier à la gare, c’est un grand parc qui verra le jour. Nous allons aussi créer deux nouvelles lignes hélYce et refonder l’ensemble du réseau de la Stran pour favoriser l’accès à tous ces beaux espaces. Saint-Nazaire n’est pas une ville minérale, mais les vieilles images ont la peau dure. Nous continuerons donc de révéler Saint-Nazaire pour ce qu’elle est. Une autre pépite qui finit par devenir invisible si l’on n’en prend pas soin : le parc paysager. Nous avons commencé à nous y intéresser, avec les habitants et associations investis dans la commission extramunicipale. Des travaux de renaturation ont déjà débuté et nous poursuivons la réflexion sur sa future configuration. (1)
«Créer un environnement plus apaisé»
La ville jardin, c’est aussi une nouvelle façon d’organiser la cohabitation entre piétons, bus, voiture et vélo ?
- Les modes de déplacement évoluent et c’est une opportunité pour faire plus de place aux piétons et aux cyclistes. Ces nouveaux aménagements permettront de favoriser les espaces naturels tout en créant, un environnement plus apaisé, notamment en centre-ville. Il doit continuer d’être une véritable destination, un lieu de vie et un lieu d’activités, ce que nous favorisons en y accueillant des étudiants.
Pourquoi la «ville-jardin au bord de l’océan» ? Pour la beauté de l’image ?
- Non, simplement par conviction qu’un projet urbain est aussi un projet qui doit penser la ville active et productive. Les villes sont des espaces d’activités et d’emplois. Il faut donc penser à maîtriser les espaces qu’on y consacre, à organiser les déplacements collectifs permettant aux salariés de rejoindre ces lieux d’activités, comme avec le projet HélYce+. Saint-Nazaire est une pièce maîtresse de l’économie française d’aujourd’hui et de demain. L’océan est au cœur de son passé et de son avenir, il était donc important qu’il soit au cœur du projet urbain.
«Le prix des logements, un enjeu majeur»
Malgré l’anticipation et le rythme des constructions, la situation du logement à Saint-Nazaire reste tendue…
- Saint-Nazaire est naturellement attractive, particulièrement grâce à la bonne santé de l’économie locale, mais aussi par sa situation en bord de mer. Le nombre d’habitants augmente chaque année. Et nous devons pouvoir accueillir toutes les populations, quels que soient leurs revenus et quel que soit leur âge. Les retraités comme les actifs sont les bienvenus. L’enjeu est surtout de réussir à construire suffisamment de logements et de les proposer à des prix abordables à l’achat ou à la location. L’accessibilité, c’est ça le sujet central. La situation actuelle est en effet assez tendue. De nombreux salariés ont du mal à trouver des logements et sont obligés à s’éloigner de plus en plus des lieux de travail. Je crains que cette crise ne s’accentue encore l’année prochaine. Ce n’est bon ni pour l’environnement, ni pour la qualité de vie, ni pour le pouvoir d’achat.
Quels sont les outils à votre disposition pour enrayer ce phénomène ?
- L’outil principal c’est le programme local de l’habitat que nous avons adopté au niveau de l’agglomération et qui fait l’objet d’un réel consensus entre toutes les communes. Aujourd’hui, une commune seule ne peut pas agir efficacement sur ces questions. Ce programme permet de voir à long terme, de définir les zones à préserver et les espaces où les constructions seront possibles. On y détermine aussi le nombre de logements nécessaires tout en étant attentif à leur accessibilité. Les collectivités arrivent à maîtriser les programmes qu’elles pilotent dans le secteur de l’habitat social, mais c’est évidemment plus difficile dans le secteur privé où les prix répondent aux règles du marché.
- Le coût de ces logements est une vraie préoccupation pour moi. J’ai toujours considéré le logement comme un besoin primaire et la politique de l’habitat comme la colonne vertébrale de la politique sociale et du développement économique. On a besoin d’être accompa- gnés par l’État sur ce point. Il faut bien entendu des réglementations pour « sortir » des logements de qualité moins énergivores mais il faut aussi trouver des modèles économiques qui n’excluent pas tout une partie de la population qui ne peut plus vivre où elle le souhaiterait. Nous sommes noyés dans un millefeuille de normes qui rend les projets extrêmement complexes aujourd’hui. Je trouve que cette question du prix n’est pas assez prise en compte dans les politiques habitat du gouvernement.
(1) Un projet est déjà acté : la création, très attendue par les pratiquants, d’un boulodrome couvert.
Zéro artificialisation nette : «Tenir compte des réalités locales»
La loi Zan (Zéro artificialisation nette) prévoir de réduire de 50 % la consommation de terrain pour y construire des logements, des entreprises ou des équipements, d’ici 2031. À l’horizon 2050, il faudra atteindre 0 % de terres artificialisées. «Je partage évidemment l’objectif national essentiel pour préserver l’environnement. En revanche, je pense que son application doit s’appuyer sur la réalité des territoires et du bilan des dernières années. Saint-Nazaire est une des villes de Loire-Atlantique qui a le moins consommé de terrain ces dernières années. Entre mer et Brière, notre géographie est contrainte et nous accueillons aussi une zone industrielle importante. J’attends donc que le gouvernement tienne compte de ceux qui ont eu une politique de consommation foncière responsable.» Les décrets d’applications définitifs font toujours l’objet de discussions avec les collectivités et ils n’ont pas encore été communiqués.